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Bande Dessinée : les règles de présentation du script

script à 2 colonnes : Goscinny, Lucky Luke

Le scénario de Bande Dessinée, un modèle à part

intro

Le Script : description

Les auteurs ayant validé le travail de mise en scène, ne reste plus au scénariste qu’à écrire son script, ce qu’on appelle en audiovisuel, la continuité dialoguée. Personnellement, je segmente ce travail en deux sous-parties : images (description) et texte (bulles, récitatifs, onomatopées).

Le travail d’écriture Bande Dessinée, je le répète, étant contraint par le format fixe (le nombre de pages et la taille de la page), je m’assure d’abord de bien dérouler la narration page après page.

Même si les étapes de séquencier/découpage ont bien préparé mon travail, il peut y avoir des surprises (c’est trop petit ou trop grand), je peux aussi avoir de nouvelles idées. Il faut se laisser la possibilité d’ajuster son tir : réécrire une bulle n’est pas aussi long que redessiner une case.

5) Le Script : les textes

  • Bulles, récitatifs, onomatopées

Maintenant que la continuité (le visuel) est posée, je me concentre sur le littéraire : les bulles, les textes off des personnages non présents dans la scène et les récitatifs (les cartons plus informatifs, du genre : « Plus tard… » ou « Le lendemain… »). Ces éléments viennent en dernier. Ils n’ont d’utilité que parce qu’ils clarifient la narration, lui donnent plus de force ou de nuance. Si je sépare la rédaction des dialogues de la description c’est parce qu’elle ne sollicite pas mon cerveau de la même manière. Quand j’écris des dialogues, je veux être dans le flow de la narration, dans la tête des personnages. Je ne veux plus trop me préoccuper des questions de cadrage, de mise en scène, du visuel quoi.

Comme vous vous en rendez compte, le travail de dialoguiste n’est que la partie émergée de l’iceberg du job de scénaristique. Il est pourtant significatif : c’est lui qui, aux yeux du public, matérialisera l’empreinte du scénariste dans l’album.

  • Un script à 2 colonnes

Après des années d’expérimentation, de test de modèle (gabarit) de scénario BD, je me suis arrêté sur ce format de présentation. Je découpe mon script en 2 colonnes : texte et image.

Pourquoi distinguer texte et image ? Cela correspond à la dichotomie propre à tout scénario : texte (lu par un comédien) et indications de mise en scène : didascalie (pour le metteur en scène et le comédien). Dans le cadre du médium BD, cela permet de séparer ce qui se lit (dialogue, récitatif, onomatopées) de ce qui se voit (dessin).

Puis je déroule chaque ligne de mon tableau en cases. Ce qui me permet d’associer à chaque case : une image et les textes correspondant. Rappelons en effet que la narration BD est un mariage subtil entre dessin et texte. Contrairement à un script audiovisuel qui ne donne que quelques indications d’action et de mise en scène, le scénario BD, je le rappelle, se doit d’être précis dans le découpage de l’action. Le manque d’espace d’un album BD oblige, nous l’avons déjà vu, à associer à chaque action ou moment une seule image. Et comme le texte est lié à l’image, le scénariste ne peut se contenter de rédiger uniquement les textes. Il doit avoir en tête les plans, les moments qui leur sont associés.

Cependant, si en tant que scénariste, je suis en charge du texte final, je ne fais que faire une proposition d’illustration au dessinateur. C’est lui au final, qui est en charge du visuel.

L’étape du scénario permet en tout cas d’engager l’échange entre le scénariste et le dessinateur : sur le choix des cases (si ça n’a pas été fait à l’étape du découpage), les plans (les visuels qui illustreront les moments retenus comme significatifs) et les textes associés.

Ainsi, une page de scénario équivaut à une planche. C’est pratique, lisible et m’évite d’écrire trop de texte dans les bulles.

Ce format m’empêche de tomber dans deux pièges :

L’excès romanesque : rédiger des bulles trop bavardes qui cannibalisent l’image et la lecture de la page

L’excès illustratif : demander au dessinateur de réaliser des cases trop riches et trop nombreuses. C’est là aussi préjudiciable à la lecture de la page et de l’album

En effet, il m’arrive encore à ce stade de devoir réécrire ma page de scénario pour la faire correspondre à une planche de BD.

Ce format me permet également de tester le flow de mes textes. En ne lisant que la partie droite des pages, je n’ai accès qu’aux dialogues (ce qui restera sur la page), pas aux descriptions, qu’elles auront été transformées en images par le dessinateur.

Avant d’envoyer le script au dessinateur, je fais une passe de relecture/réécriture de mes pages : description et textes. Dans les faits, je passe surtout du temps à retravailler les dialogues. Il faut qu’ils sonnent justes, qu’ils s’enchaînent bien, qu’ils ne soient pas trop long, qu’ils soient lisibles (qu’on devine le sous-texte sans trop de difficulté).

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Ronan Le Breton

Ronan Le Breton Story Designer Story Teller Narrative Designer Auteur de mauvais genres

4 commentaires

  1. – Et vous, vous faites quoi ?
    – Le scénario.
    – Ah… y’a pas beaucoup de bulles quand même.
    – O_0

  2. Mille mercis pour cette façon de concevoir le scénario. Je vais en parler à un éditeur la semaine prochaine pour voir ce qu’il en pense.

  3. Fort intéressant et très bien écrit. Exemples tres aidant La façon de faire est très claire. Je suis auteur de quelques livres pour les jeunes au Québec et je suis à me documenter pour écrire une bd!
    Merci!

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