De l’écriture de scénario…
Je l’ai déjà dit, mais je le répète, j’ai subi une opération neurochirurgicale en 2020, qui a grandement affecté ma capacité d’attention et de concentration. Sans parler des douleurs et d’une vue double qui a duré pendant quelques mois… Dit autrement, ce n’était pas la grande forme : je fatiguais vite, je manquais de vigueur. Il m’a fallu plusieurs mois de convalescence et de rééducation en kinésithérapie et orthophonie pour récupérer. Ce fut laborieux et pénible. Je craignais de ne plus retrouver ma vivacité d’esprit, ma capacité créative. Le cerveau, c’est quand même mon « muscle » vital, l’outil qui me fait vibrer et vivre !
Fin 2021, heureusement, j’ai pu reprendre mes activités de scénariste et d’écriture. C’était vraiment important pour moi, je ne voulais pas manquer l’opportunité qui s’offrait à moi. Une opportunité que j’attendais depuis déjà quelques années et qui a avait été retardé à cause de la pandémie de 2020. Bref, j’ai pu rejoindre l’aventure du studio Hawkswell. J’ai donc eu l’insigne privilège de participer à la conception du Lore du premier jeu de ce jeune studio parisien. Occasion que je ne voulais rater sous aucun prétexte, moi qui milite, sur mon blog ou auprès de mes étudiants, sur l’importance et la nécessité de définir une bible (ou au moins, une pré-bible) de son projet avant d’entrer en préproduction. J’ai donc pu vivre ce travail et ce processus du début à la fin. Ce fut une expérience riche d’enseignements.
- L’écriture d’un Lore Bible est-il nécessaire dans l’industrie vidéoludique ?
- Comment transposer le travail de World Bible dans le jeu vidéo ?
- Comment concilier Lore (narrative) avec le système et les mécaniques (Game Design, Techno)
- Quel niveau de complexité faut-il atteindre avant de passer le bébé aux autres départements de design (Art, Game, Tech) ?
- …..
Ce n’est malheureusement pas le sujet et la raison de ce post. Je ne développerai pas plus ici, d’autant que c’est un sujet trop stratégique pour que je puisse en parler ouvertement… ☹
… à la Créativité…
Aujourd’hui, je ne suis plus dans l’équipe de Hawkswell. Mon travail de conception et écriture de Lore & Bible est terminé. C’est la fin d’une aventure passionnante et, je le répète, hyper enrichissante.
En outre, durant cette période d’environ deux ans, je me suis rendu compte qu’un travail en continu, avec de nombreuses heures passées assis devant l’écran me fatiguait beaucoup le cerveau et la vue. J’ai pris conscience que je n’ai vraiment pas recouvré toute l’énergie et la résistance d’avant.
J’ai donc dû me trouver des méthodes « agiles » pour réduire mon temps d’exposition aux écrans, afin d’éviter de faire des surcharges cognitives. En clair, je suis revenu à la bonne vieille méthode « papier & crayon », dès que j’en avais la possibilité. Je me suis également tourné vers des sessions d’écriture courtes (moins de 2 heures) afin de pouvoir ensuite faire une pause détente physique et cognitive.
En outre, durant ma période de convalescence, je me suis tourné vers des manuels qui proposait des exercices d’écriture créatives, et surtout des solutions pour libérer la créativité, faire sauter le syndrome de la page blanche. Oui, le fameux blocage de l’auteur, malaise que je n’avais jusque-là jamais vécu, je l’ai subi en 2020. Non pas que je n’avais plus aucune idée, mais j’éprouvais parfois de sérieuses difficultés à trouver des idées vraiment inspirées et inspirantes ou j’avais du mal à les développer comme avant…
Je pense notamment au fameux manuel de Julia Cameron : « Libérez sa créativité » (The Artist’s Way). J’ai lu d’autres livres, j’ai regardé des vidéos et suivi des leçons d’auteurs et d’artistes sur le sujet. J’en ai très souvent parlé avec ma compagne, qui s’était engouffrée dans cette voie-là, courant 2020. Bref, pendant 3 ans, cette matière créative et imaginale m’a nourrie à « l’insu de mon plein gré » 😉.
… Pour se tourner vers l’Imaginatique
Et maintenant que je suis à réfléchir à ce que je vais faire désormais, toutes ces bulles d’imaginatique resurgissent et me font vibrer la tête et le cœur ! J’ai compris que cela correspond à mes attentes, mes passions. Et que cela est tout à fait compatible avec mes limites actuelles en termes d’écran et d’attention (temps plus limité).
Ce terme « imaginatique » n’est pas de moi mais de Novalis, auteur allemand de la toute fin du 18e siècle. Terme remis à la mode par le célèbre auteur jeunesse Gianni Rodari dans son essai sur l’écriture créative « La Grammaire de l’imagination ». Voici ce que Rodari en dit : Un jour, dans les Fragments de Novalis (1772-1801), je tombai sur ce passage : « Si nous avions une Imaginatique, comme nous avons une Logique, l’art d’inventer serait découvert. ».
C’est dommage que les écrits de Rodari, tant ce manuel (dans lequel il explique nombre de trucs et astuces qu’il a trouvés ou glânés ça et là pour « muscler » son imagination) que tous ses livres (essentiellement des histoires courtes destinées à la jeunesse) soient aussi peu connues.
En France, on connaît surtout Bernard Friot, auteur jeunesse très prolifique, qui est, d’après moi, son fils spirituel, son disciple. Friot a notamment publié une boîte à écriture créatives pour les enseignants et animateurs « La Fabrique à histoires ».
Friot cite souvent Rodari et, comme par hasard (mais le hasard n’en est jamais un), exerce aussi en tant que traducteur, il a d’ailleurs traduit certains livres de Rodari, encore un hasard qui n’en est pas un. 😊
J’ai réalisé que je me passionnais pour les mystères de la créativité, de l’inspiration, du plaisir d’écrire dans le flow, à l’impro, sans but prédéfini, sans cadre trop contraignant…
C’est pourquoi, je propose déjà sur Avignon, dans un nouveau tiers lieu, des ateliers sur l’écriture libre et libérée : « Ecriture en lâcher prise ».
Et je vais continuer à débroussailler cette voie nouvelle par d’autres ateliers en face à face présentiel ou distanciel, en petit groupe, avec des outils simples et low tech qui ne perturbent ou ne distraient pas trop le flow créatif. Je trouve les outils de partage en ligne super, je m’en sers d’ailleurs, mais je préfère nettement le tangible pour brainstormer, accoucher d’idées brutes, spontanées.
Bref, ces ateliers s’adresseront autant à des adultes, des ados et des enfants. L’idée étant de réveiller l’enfant (créateur) qui sommeille en nous. De jouer avec l’écriture et l’imagination, de faire de l’écriture imaginaire un jeu. De prendre conscience de son potentiel créatif et d’apprendre à chevaucher cette force joyeuse mais mystérieuse qu’est l’inspiration. Avec le temps, j’ai bien vu qu’on ne pouvait pas prétendre maîtriser ni contrôler son flow créatif. Tout ce que l’on peut faire, c’est le stimuler, le titiller, le réveiller. Et après, il faut lui faire confiance, ne pas trop tirer sur les rênes, lâcher prise quoi…
Voilà, c’est dit. A partir de maintenant, sur ce blog et ailleurs, je vais surtout écrire et partager à propos de l’écriture et de l’imaginatique, d’inspiration et de créativité. Ça ne veut pas dire que je ne parlerai plus du tout de scénario, de BD, de séries, d’interactivité, de narration ou de numérique.
Non, je pense en avoir déjà dit pas mal sur le sujet. Je vais surtout concentrer mes efforts sur cette boîte noire que je n’ai trop jusque-là étudiée ni vraiment comprise : l’inspiration, l’imagination, la créativité. Soyons francs, je doute de parvenir un jour à réellement expliquer et décortiquer dans les moindres détails le mécanisme de la création littéraire. Quoi qu’il en soit, c’est mon vœu, mon intention de passer à la loupe, au microscope cette logique irrationnelle et erratique qu’est l’imaginatique comme l’a dénommée Volaris. J’ai envie en tout cas de réellement ouvrir cette boîte noire, censée se situer sous mon crâne, et vous raconter un peu qu’est-ce qu’il s’y passe.
- Comment j’invente ou m’inspire
- Comment j’écris et conçois un récit
- Quels sont mes rituels d’écriture et de conception ?
- Comment mon esprit artistique réagit à des « pompts », ce que j’appellerai en français des déclencheurs, des amorces
- Comment lâcher prise dans l’inspiration et dans l’écriture ?
- Comment se surprendre et s’amuser à écrire des trucs funs et fous…
