The Journey of me : un petit jeu qui livre un grand message
The Journey of Me est un jeu français qui, sous une apparence très simple, une durée de vie courte (15 mn environ), ne vous laissera pas indifférent.
Car le message, comme la mécanique, sont originales et efficaces.
Et c’est pour cette raison que j’ai décidé de vous le présenter dans cet article.
The Journey of me : un projet étudiant
The Journey of Me est d’abord un projet conçu par des étudiants de e-artsup, filière game design: Adrien Bernard, Alice Carel, Cécile Cazeau, Folian Coppler et Sylvain Murat. La première version, encore en bêta, est bien entendu brute et manque de polish, mais le feeling est là. L’expérience est déjà perceptible, le message reçu 5/5.
Barth Picq, cofondateur du studio Yodog, venu évaluer le projet lors du jury de fin d’année, est bluffé. Il a envie de pousser The Journey of Me plus loin, pour en faire un jeu de qualité professionnelle.
The Journey of me : un jeu développé par un studio
Barth Picq en parle à ses associés : Cyrille Macé et Mathieu Chevallier, qui, après avoir également testé la bêta, acceptent de recevoir les étudiants et de travailler sur un polishing du jeu. Au final, la passion aidant, le studio Yodog opère une refonte globale du jeu.
Le résultat final est bluffant. Yodog a même obtenu l’autorisation d’utiliser la musique de Nine Inch Nails dans la bande son.
Jusque-là projet confidentiel, The Journey of Me est enfin posté sur le web et accessible au monde entier. si si… Des joueurs américains se sont régalés à la jouer, au point d’en faire des playthrough sur YouTube!
Mais que raconte The Journey of Me, qui le rend si unique ?
Il faut y jouer pour bien se laisser imprégner par son message. Car, le jeu dévoile sa subtilité au fur et à mesure du parcours.
Au départ, il s’agit a priori d’un plateformer assez classique, qui semble singer les vieux jeux d’arcade en pixel art. Sauf que, au milieu de la partie, la situation se renverse et prend alors le joueur en défaut.
Certes, depuis le début le joueur se rend bien compte du décalage : son personnage n’est pas très motivé par sa quête et ne cesse de critiquer ce qu’il lui fait faire. D’autres concepts de jeux (souvent des projets étudiants, qui n’ont malheureusement pas été en ligne) ont exploré cette voie. Le vrai tour de force de The Journey of Me est de filer encore plus la métaphore, de matérialiser le décalage entre joueur et personnage jouable.
A un moment donné, le P.J. (personnage jouable) en a assez : le joueur est allé trop loin. Trop, c’est trop. Le P.J. se rebelle et décide de punir le joueur pour ce qu’il l’a obligé à faire. Désormais, c’est le P.J. qui prend le contrôle, ou plutôt enlève petit à petit les contrôles au joueur. Les rôles s’inversent en quelque sorte. Celui qui dirige la partie devient le P.J. qui force le joueur à faire ci ou ça.
En résumé, The Journey of Me est une étonnante leçon d’humilité pour le joueur. C’est également une invitation à la prise de distance vis-à-vis de certains codes du jeu vidéo. Pour qu’un jeu soit Fun, doit-on accumuler le plus de gemmes ou de pièces? Tuer des créatures ou des personnages virtuels, est-ce toujours si Fun? Le PJ n’est-il qu’une coquille vide ou a-t-il une conscience propre?