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BD : les 3 principaux formats internationaux

Franco-Belge, Comic & Manga

Blog/ex-Librairie Soleil Vert

Si vous avez tous eu entre vos mains un album de Tintin, une série de Tezuka ou un exemplaire de Batman, vous avez peut-être remarqué qu’en fonction des pays, le livre BD varie substantiellement dans sa taille, son format, sa pagination, sa conception, sa diffusion. Je vous propose d’en faire rapidement le tour, d’établir les caractéristiques des 3 formats les plus répandus : Europe, Etats-Unis, Japon.
Car chaque format a ses contraintes, et ces contraintes déterminent la conception (écriture, dessin, couleurs), la fabrication et la diffusion…

1) La BD Franco-Belge

La Bande Dessinée dite « franco-belge » correspond, vous le savez, à l’album de 46 pages couleurs qui a été peu à peu modelé par les éditeurs historiques : Casterman, Dargaud, Dupuis, Le Lombard.

Même si le recours au logiciel de type Photoshop est en passe, comme aux USA, d’uniformiser la mise en couleur des BD européennes, on trouve encore sur le continent des pages réalisées en couleur directe (à la main, traditionnelle).

Malgré l’explosion récente du Roman Graphique (la BD qui se lit comme un roman, en one-shot), la plupart des albums franco-belges sont des histoires « à suivre », c’est-à-dire qui s’inscrivent dans une logique de série (personnage, genre, décors, ton récurrents).

Leur fabrication prend du temps, seuls 2 ou 3 auteurs (scénariste, dessinateur, coloriste) travaillent dessus. Et même si les livres ne font que 46 pages, le niveau de détail attendu, surtout pour une série au trait réaliste, est élevé. C’est pourquoi, il faut souvent attendre 1 an avant de voir le tome suivant sortir.

Ce format s’inscrit également dans le marché du livre européen, qui diffère du modèle anglo-saxon. En Europe continentale, les créateurs sont considérés comme des auteurs. Ils perçoivent des droits d’auteurs, sont intéressés au succès éventuel de la série ou de l’album (s’il/elle est adapté/e au cinéma : Persépolis, Les Profs, Quai d’Orsay, Le Chat du rabbin…). Ils ont également un droit de regard sur leur œuvre, puisqu’elle est leur création.

Il faut nuancer cependant cette affirmation. Nous voyons émerger une nouvelle forme d’œuvres hybrides, qui sont à la confluence des modèles européens et anglo-saxons. Des auteurs travaillent sur des licences dont ils ne sont pas les créateurs. C’est le cas de Spirou & Fantasio, Blake & Mortimer, XIII Mystery
En général, c’est l’éditeur qui a récupéré les droits de la série et souhaite les exploiter au mieux. Cette stratégie d’éditeur convient aux auteurs qui sont sollicités : la rémunération proposée est intéressante et il y a une réelle possibilité de percevoir une part des bénéfices d’une publication très grand public, après remboursement des avances sur droits. Si on s’éloigne du droit d’auteur à la française, on ne duplique pas non plus les règles du copyright anglo-saxon.

2) Les Comics

Miller, Batman

Aux USA, les éditeurs classiques publient d’abord la série (ou la mini série) sous formes d’épisodes de 22 pages, dans un format souple, incluant souvent des encarts publicitaires. C’est ce qu’on appelle les « issues ». Ces épisodes sont diffusés tous les mois en magasin spécialisé. En format souple, comme n’importe quel autre magazine.

Ensuite, quand le récit est complet, l’éditeur publie l’intégrale sous forme d’un recueil (de taille variable, cela dépend du nombre d’épisodes) appelé : « Trade Paperback ». Ce recueil dispose cette fois d’une couverture brochée et l’éditeur a pris soin d’enlever les encarts publicitaires. Si l’on trouve les Trade Paperback en Comic Book store, on peut également les acheter en librairie généraliste.

Le gabarit d’une page de comic book est plus étroit que celui d’une planche franco-belge ( 17×26 cm au lieu de 24×32 cm). En conséquence, le découpage d’une page américaine tourne autour de 5/6 cases environ, moins qu’en Europe. Les cases mettent plus en scène l’action et les personnages que les décors et les accessoires. Enfin, le choix des cadrages est plus cinématographique, la narration se voulant dynamique et hollywoodienne  : gros plans, insert, case au format cinémascope… En outre, les comics sont des récits plus longs que ceux de leurs homologues européens, mais il faut ensuite tenir les cadences. Le dessinateur doit rationnaliser son travail. Illustrer un décor prend plus de temps.

Comme pour le marché européen, la BD américaine est en couleur. Une couleur aujourd’hui réalisée principalement par ordinateur, ce qui lui donne un côté plus industriel que sa sœur franco-belge. Le rendu des comics d’aujourd’hui est assez uniforme d’un éditeur à l’autre, d’une série à l’autre : souvent brillant, réhaussé d’effets de lumière numérique.

Ce que la chaîne de production gagne en efficacité, elle le perd hélas en diversité. La BD américaine est de manière générale très industrialisée, taylorisée. Chaque tâche est souvent accomplie par un collaborateur différent : scénario, dessin, encrage, lettrage, colorisation.

Cela correspond aussi au modèle économique américain (et anglais) : le copyright. C’est l’éditeur qui détient les droits de la série : personnages, univers. Les artistes sont considérés comme des prestataires, ils sont payés à la tâche, ne perçoivent pas de droits d’auteur et n’ont pas de droits de regard sur la série.

3) Les Mangas

Le Manga est né après la seconde guerre mondiale, ce qui explique l’apparition de certaines conventions liées aux nécessités de l’époque : produire un contenu à faible coût. Une bonne partie des codes graphiques du Manga ont été établis par l’un de ses pères fondateurs : Osamu Tetzuka (Astro Boy, Le Roi Leo, Les 3 Adolf…), grand fan des productions Disney.

Le sens de lecture correspond à la norme japonaise, il est inverse à la règle occidentale : de droite à gauche. Désormais, en France, comme aux USA, les versions traduites respectent cette logique. Ce qui demande au lecteur de s’habituer à lire les cases dans le sens inverse que celui appris à l’école…

La page est Noir & Blanc (elle coûte moins cher à la fabrication). Pour pallier cette absence de diversité chromatique, le Manga compense par l’utilisation de calques de trames, qui permettent de créer des effets, des nuances.

Contrairement au marché américain et européen, les publications japonaises continuent d’être primo-diffusées en presse, dans d’énormes journaux d’éditeurs (Shônen Jump, Shônen Magazine, Shônen Sunday par exemple) qui testent ainsi le potentiel commercial des séries avant de les publier en librairie.

Les séries sont initialement publiées chapitre par chapitre, sur du papier de mauvaise qualité, à l’intérieur d’imposants recueils mensuels ou hebdomadaires. Si le succès public est au rendez-vous, la série continue et a droit à sa republication en volumes, qui compilent plusieurs chapitres. Quelques séries ne font que 5 volumes, les autres en compte 10 ou 20. Chaque volume comporte environ 20 pages.

Si le décor est traité de manière réaliste, les personnages sont plus stylisés et leurs yeux sont volontairement agrandis (cela vient de la passion de Tezuka pour les films de Disney). Ce qui rend la tâche du dessinateur plus facile, il a plus d’espace pour marquer les changements d’émotions de ses personnages.

Du fait du nombre de pages demandée bien plus conséquent, les auteurs de Manga privilégient (depuis l’époque de Tezuka) des plans cinématographiques : plans serrés, découpage minutieux d’un moment d’action. En clair, le Manga est plus proche de la narration audiovisuelle que les comics ou le format franco-belge.

Le recours au lettrage graphique, inséré dans l’image, notamment les onomatopées, est beaucoup plus fréquent que dans les ouvrages occidentaux

Toriyama, Dragon Ball Super

Le format est encore plus petit que celui des comics (un peu moins qu’un A4 : 14×21 cm), qui est déjà plus petit que celui des BD européennes, mais contient autant de cases qu’un comic book. Les cases ont plutôt des formes de parallélépipèdes, les bandes sont souvent obliques.

Enfin, dans les publications Shônen et Shôjo (pour adolescents), les personnages peuvent soudainement être caricaturés quand ils sont sous le coup d’une émotion forte : colère, honte, par exemple. C’est ce qu’on appelle le format SD ou « Super Deformed »

exemple de SD (Wikipedia)
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Ronan Le Breton

Ronan Le Breton Story Designer Story Teller Narrative Designer Auteur de mauvais genres

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