BD et jeux vidéo : le jeu des 7 similitudes
Dans sa conférence à la GDC 2010, Anthony Johnston « multicarte », recense les nombreux ponts entre le scénario de Comic Book et le Jeu Vidéo… Deux genres dans lesquels il exerce depuis plusieurs années. Il dénombre au moins 7 points de convergence.
La vidéo est en anglais, sans sous-titre, voici donc un résumé en français que je vous ai préparé…
1) Interactivité & Engagement
La BD aussi fait participer activement le public, via l’ellipse chère à Scott McCloud, qui demande une participation active du lecteur à la narration.
En outre, le lecteur BD contrôle plus son rythme de progression selon qu’il veut s’attarder sur les détails du dessin comme le joueur qui explore davantage l’univers de son jeu et/ou suit des quêtes annexes.
2) Mauvais Genres
La BD et les Jeux Vidéos sont des genres populaires, assez jeunes, assez geeks. Bref, ce sont deux médias mal aimés et régulièrement décriés comme simpliste (ouais, c’est de la BD) ou violent (Call of Duty ou GTA)
3) Genre Visuel et Actif
Les deux médias font surtout appel à deux dimensions narratives principales
Le Visuel : le dessin (BD) et la stylisation, l’animation 2D/3D (Jeu Vidéo)
L’Action : la tension, le mouvement (BD), le gameplay (Jeu Vidéo)
4) Nécessité d’un Storyworld
Les BD (mainstream) comme la plupart des Jeux Vidéos, s’inscrivent dans la durée et la sérialité. Il est donc nécessaire d’avoir un monde, un univers:
– Spécifique, universel et unique en même temps
– Capable d’accueillir plusieurs histoires, de faire des cross-over
– Capable de s’étendre et de s’enrichir avec les années
5) Format et Structure
Les BD doivent respecter un format et une répétition formelle, industrialisée sur plusieurs saisons, comme les Jeux Vidéos (Strip, page, album, cycle, nouveau cycle, spin-off)
6) Une écriture sous contrainte
La BD doit sans arrêt aller à l’efficacité (taille des bulles limitée, nombre de cases limité, nombre de pages fixe, nombre d’épisodes à tenir).
L’écriture de Jeu Vidéo aussi, doit se « soumettre » aux contraintes de production et de gameplay pour ne pas perdre l’attention du joueur.
7) Itération, itération et encore itération…
La BD, encore plus aux USA (où le travail d’encrage, de lettrines, de colorisation est séparé), oblige à une collaboration étroite entre le scénariste et les autres pôles artistiques.
Notamment, il est essentiel de pouvoir rectifier au besoin les dialogues en fonction des visuels et des bulles, pour une efficacité optimale de lecture et une fluidité de la narration.