La tentation pour un éditeur de jeux vidéos de transposer sa licence au cinéma n’est pas en soi une nouveauté : Mortal Kombat, Super Mario Bros, Doom, Tom Raider… La réciproque (transposer en jeux vidéos une licence cinématographique) non plus : Star Wars, Alien, .
Cependant ce qui, auparavant, était traité comme une opération de cession à un tiers (qui se contentait d’adapter pour son public l’univers, les personnages et l’histoire) qui produisait rarement des chefs d’œuvres, devient maintenant une stratégie éditoriale d’enrichissement et d’extension de l’univers d’une marque.
La preuve : le triomphe du jeu de Telltale : Walking Dead, adaptation d’un série TV à succès, elle-même adaptation d’une série BD éponyme.
Du jeu vidéo au cinéma
C’est pourquoi je ne m’étonne pas de l’annonce récente par Activision (éditeur des jeux : Skylanders, Call of Duty, Hearthstone, Starcraft, Diablo, World of Warcraft) de produire des long-métrages et des séries TV. Activision a pour cela embauché un ancien cadre de Disney (Nick Van Dyk), qui connaît la musique en termes d’univers à étendre (cf. la stratégie cross/trans média de Disney).
Il n’est pas le seul. Ubisoft a fait de même avec sa licence Assassin’s C reed et coproduit l’adaptation cinéma de ce héros post-moderne qui voyage à travers la mémoire génétique de ses ancêtres.
Microsoft produit un jeu qui se déploiera à la fois sur sa console X-Box et via une diffusion TV. Les deux canaux étant liés et dépendant des actions et des choix de l’utilisateur : Quantum Break.
Ce qui correspond à l’agenda de Telltale (le studio qui conquis le grand public avec son adaptation vidéoludique de la série The Walking Dead), a également signé un partenariat avec Lionsgate (le studio à l’origine de shows comme Mad Men et Hunger Games) pour développer des super shows originaux, qui seront autant des objets TV que des jeux vidéos.
Du cinéma aux jeux vidéos
Warner Bros (appartenant au groupe qui possède également DC), est parvenu à développer avec sa licence phare Batman tant sur les écrans de cinéma que sur ceux des PC et consoles de salon. Warner Bros possède depuis quelques temps son propre pôle d’adaptation vidéoludique : Warner Bros Interactive. Cette année, les profits tirés des seules ventes de jeux devraient représenter 10 % des revenus du studio.
Tout récemment encore, c’est la société de production de J. J. Abrams (Lost, le dernier Star Trek, le prochain Star Wars ) Bad Robot, qui s’associe avec le studio ChAIR (à l’origine des jeux Infinity Blade ou Shadow Complex) pour produire le jeu Spyjinx.
La convergence
Il est encore aujourd’hui difficile à dire qui, acteurs du jeu vidéo ou des médias audiovisuels, gagnera le plus dans cette course à la diversification des plate-formes. Nous sommes encore à l’ère des play-tests, des prototypes, des expérimentations, mais nul doute, que comme l’a prophétisé Henry Jenkins, au 21e siècle, la convergence des médias est un tournant majeur, un mouvement de fond, un élan irrésistible. Car il est le fait de la demande (les utilisateurs, notamment les fans) et de l’offre (les industries culturelles qui cherchent à multiplier les sources de revenus pour leurs propriétés intellectuelles).