J’ai envie de vous raconter ma dernière résidence d’auteur. J’ai répondu à l’appel à candidature du CNL fin 2023, et on m’a invité à intervenir dans une école d’Avignon, en avril 2024…
Le truc, c’est que je suis auteur/scénariste, et je me suis retrouvé à animer 5 ateliers, 5 créations live, avec des enfants de maternelle ^__^… C’est-à-dire des enfants qui ne sont pas encore en capacité de lire ou d’écrire.
Quel challenge! Hé ben, ce fut une super expérience, c’est pour cela que je veux vous partager cette expérience…
Préambule
Je remercie tout d’abord l’équipe du CNL et en particulier le Pôle Projet Educatif. C’est grâce à leur implication et leurs conseils si cette expérience inoubliable de résidence a pu voir le jour. Je remercie également Régine Bramnik et toute son équipe pédagogique pour m’avoir accueilli et accompagné avec énergie et passion durant ce mois de résidence dans leur école maternelle.
Le projet de résidence
Après plusieurs réunions avec la directrice et les enseignantes, nous avons donc défini ensemble que j’interviendrai dans les 5 classes, pour 5 animations spécifiques, autour du thème du roi Arthur et des « Légendes de la Table Ronde » (titre de ma série BD, publiée chez Soleil Celtic). Les 5 activités ont eu pour sujet :
- Les mystères de la forêt de Brocéliande (grande section)
- Camelot : Le palais du roi Arthur (petite et moyenne sections)
- Morgane et ses potions magiques (moyenne et grande sections)
- Les créatures du légendaire médiéval (petite section)
- Les chevaliers de la Table Ronde (moyenne section)
Je rappelle que c’est une école maternelle : je me retrouvais donc face à un public très dynamique, mais qui ne lit ni n’écrit pas encore. Ce qui est presque un paradoxe pour un auteur comme moi, qui a l’habitude de proposer des ateliers d’écriture. Il m’a donc fallu adapter le contenu et le dispositif à ce très jeune public. D’autant que ma série « Légendes de la Table Ronde » était plutôt adressé à un public adulte/ jeune adulte.
Heureusement, les enseignantes de la maternelle Persil sont familières des activités créatives et des partenariats avec les artistes. Du coup, ça s’est déroulé aisément, dans une excellente entente.
Concrètement, et en accord avec l’équipe pédagogique de l’école, j’ai conçu toutes mes interventions en termes de jeu créatif, c’est-à-dire des créations collectives et interactives (intégrant la participation active des enseignantes et des enfants), des créations vivantes et ludiques (inscrites dans un cadre souple et amusant incluant du texte, de la parole, du jeu d’acteur, des images, des accessoires, des sons, de l’humour…).
Bref, en accord avec l’envie initiale de Régine Bramnik, la directrice de l’école, j’ai mis en place un dispositif créatif multimédia. Et je suis super fier du résultat : les enfants (et les maîtresses) ont adoré ! Le rire ou le sourire d’un enfant, c’est la plus belle récompense qu’un auteur peut recevoir, pour moi. Et des rires et des sourires, j’en ai eu, beaucoup.
Chacune de mes interventions a donc été pensée pour la classe concernée, en fonction de son niveau (petite, moyenne ou grande section) et de l’envie de l’enseignante.
Le thème de ma résidence : les mystères de la forêt de Brocéliande
Conformément au vœu de Régine, nous avons réalisé une sortie hors-les-murs avec ses élèves de grande section, dans le parc de Villeneuve-lez-Avignon (la colline de Mourgues), qui a un côté sauvage, brut, féerique. Lors de l’événement, ce parc est devenu la Forêt de la Brocéliande, la plus célèbre forêt de la légende arthurienne. Nous avons donc déambulé avec les enfants une bonne partie de la journée. Ensemble, nous avons découvert 6 lieux emblématiques de Brocéliande (que nous avions transposé dans le cadre naturel de ce parc provençal). 6 lieux emblématiques que j’ai retenu en fonction de la nature et la disposition du parc qui nous servait de décor.
A chaque lieu, je lisais un petit texte qui resituait ce lieu dans la légende arthurienne (tombeau de Merlin, lac de Viviane, fontaine de Barenton, Val sans Retour, épée dans la pierre…). Puis, une troupe de 4 comédiens professionnels (4 parents d’élèves, comédiens du théâtre du Kronope) intervenait (bénévolement) pour mettre en scène ce spot ou lire un conte que j’avais également écrit. Je peux vous dire que c’est la première fois que je crée une animation aussi riche, ambitieuse et spectaculaire. Les enfants ont été enchantés, nous aussi, ça s’est super bien déroulé. Et pourtant, nous n’avions même pas eu le temps de faire de répétitions live…
Camelot : Le palais du roi Arthur
Lors de cette animation, je suis allé dans la classe d’Emmanuelle (petite et moyenne sections), et avec la participation active de ses élèves, nous avons imaginé ensemble 3 histoires dans laquelle Camelot était attaqué ou assiégé.
Pour ce faire, j’ai eu recours à plusieurs outils narratifs : des images tirées de mes BD, une grande maquette de château fort, des figurines de chevaliers. Je me suis ainsi retrouvé à jouer avec cette grande maquette de château, les figurines de chevaliers (chevalier noir, chevalier rouge, roi Arthur) et les images que j’avais apportées (la fée fougère, le dragon rouge, le chevalier noir)… C’était inventif, magique et drôle aussi…
Morgane et ses potions magiques
Je suis allé ensuite dans la classe de Hélène (moyenne et grande sections), et nous avons imaginé ensemble (avec les enfants) comment réunir les ingrédients nécessaires, pour concocter des potions magiques. Notamment, la « potion pour s’envoler vers le ciel ». Nous avions à disposition des éléments comme des plumes colorées, des encres, des paillettes, des poudres, de l’ouate…
J’ai aidé les enfants à poétiser nos ingrédients magiques. Ainsi, les morceaux d’ouate sont devenus des « flocons de nuage », les paillettes : « des poussières d’étoile », les encres : « les 7 gouttes d’arc-en-ciel »… En bref, avec Hélène et les enfants, nous avons imaginé 3 recettes de potion magiques.
Les créatures du légendaire médiéval
Dans la classe de Dominique (petite section), nous avons imaginé tous ensemble l’aventure d’un Korrigan, qui cherchait un trésor fabuleux dans la forêt de Brocéliande. A chaque fois que le Korrigan rencontrait une créature, il devait utiliser un objet qu’il avait mis dans sa besace.
Ce sont les enfants qui décidaient quel objet le Korrigan sortait de sa besace. Je leur demandais également pourquoi cet objet et pas un autre. Je les aidais bien entendu (subtilement) à choisir l’objet le plus approprié. Ces objets étaient matérialisés par des images et des accessoires tangibles que nous avions collectés préalablement, la maîtresse et moi.
Le côté tangible a été un vrai atout, j’ai pu également prendre en main ces objets et les utiliser devant les enfants. Les enfants ont pu s’en saisir également J’ai découvert à quel point les très jeunes, surtout les petites sections, ont besoin de voir mais surtout de toucher, de manipuler, pour que cela devienne « comme si c’était vrai ».
Cet atelier a donné lieu à la rédaction d’un petit bestiaire médiéval (ondine, dragon, griffon, géante, licorne…) écrit par le Korrigan de notre histoire (en réalité l’enseignante : Dominique).
Le trésor du Korrigan que les élèves finissent par trouver : Pièces d’or en chocolats et autres trésors collectés par le personnel enseignant de la maternelle. N.B. L’image est celle du Koc’h, le narrateur de ma série BD : « Les Contes du Korrigan »
Les chevaliers de la Table Ronde
Enfin, dans la classe de Sophie (moyenne section), nous avons imaginé avec les enfants trois rencontres, trois épreuves, qu’un jeune chevalier, encore novice, accomplit pour pouvoir intégrer le prestigieux ordre des Chevaliers de la Table Ronde.
Là encore, nous avions à notre disposition des accessoires (cotte de mailles, épée, casque, bouclier, figurine de chevalier) et des images réalisées par les enfants (dame fée, chevalier, monstres, serpent). Bien entendu, là encore, j’ai aidé les enfants à imaginer comment le jeune chevalier remportait chaque épreuve et obtenait ainsi un nouvel objet (magique) afin que sa gloire et sa renommée augmente et le rende digne de faire partie des chevaliers de la table ronde.