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Jeu vidéo: l’avenir des écoles françaises

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Fort Worth Library Computer Lab. CC BY 3.0 via Wikipedia

Le Futur des écoles de jeux vidéos

La réflexion de ce jour n’est pas la mienne, mais celle d’un ami, d’un collègue : Manuel Ruiz Dupont, qui crée des jeux depuis 1995 et enseigne le game design depuis 2001. En bref, un senior de jeux vidéo et de sa formation, qui sait bien de quoi il parle.

Par sa lettre ouverte, publiée dans AFJV (Agence Française pour le Jeu Vidéo), il nous alerte sur la mutation qui bouleverse la pédagogie des écoles de game design françaises. Certaines de ces écoles capitalisent sur l’aura de la French Touch du jeu vidéo, notamment issue de son âge d’or des années 1980/90. Aura médiatisée en ce moment par l’exposition sur «l’Art dans le Jeu Vidéo» au Musée d’Art ludique). Mais il est dangereux de se reposer sur nos lauriers.

Manuel Ruiz Dupont nous met en garde contre le risque de standardisation et d’uniformisation des savoirs et des savoir-faire des étudiants, futurs professionnels du jeu vidéo français. Si nos étudiants français apprennent à créer des jeux comme les étudiants anglo-saxons : quel intérêt de suivre des cours en français, donnés par des professionnels français ? Au temps, dans ce cas, laisser nos étudiants partir à l’étranger ou inviter Microsoft et Google à créer des écoles de jeu vidéo en France, ils trouveront plus facilement leur place dans un process 100 % américain…

Manuel Ruiz Dupont nous rappelle que les game designers de demain ne sont pas simplement des techniciens, mais des créatifs, des artistes. Ce qui signifie que certains d’entre eux vont porter une vision, vont vouloir de changer les choses, réinventer le monde, et pas seulement produire de la mécanique de divertissement au kilomètre.

Quelle est la plus-value du design français dans le jeu vidéo mondial ? Comment se caractérise l’exception culturelle française dans cette industrie culturelle ? Ce n’est pas seulement la mission du CNC, mais également celui des institutions qui transmettent le savoir et le savoir-faire française, l’approche française du jeu et de l’interaction.

La lettre de Manuel Ruiz Dupont est une nécessaire piqûre de rappel. À l’heure de l’internet très haut débit où tout va très vite, se globalise et s’uniformise, ne confondons pas technique et artistique. Ne fragilisons pas ce que la génération précédente a courageusement bâti et défendu. L’avenir du jeu vidéo français est entre les mains de ces étudiants, ce sont eux qui auront la charge de repenser cette place singulière que la France occupe dans cette industrie très concurrentielle qu’est le secteur vidéoludique.

Un extrait de sa lettre ouverte

« On a eu raison de faire comme on a fait… mais on aurait tort de continuer…

Aujourd’hui la formation française aux jeux vidéo se porte bien. Elle s’exporte, même, mais on commence à sentir le doute s’installer en nous. Devons-nous nous remettre en question ou bien regarder nos jeunes partir à l’étranger non seulement pour travailler, mais également pour se former?

Nous devons répondre à deux questions. La première, celle que se posent déjà pas mal de futurs étudiants du jeu vidéo, est la suivante : pourquoi faire une école de jeu vidéo en France et pas à l’étranger et, plus précisément, dans un pays anglo-saxon ? La seconde question est de savoir en quoi la formation d’une école ou d’une autre influe sur le futur emploi de l’étudiant.

Pourquoi ces deux questions? Pour la simple raison que les formations au jeu vidéo proposées dans le monde se sont standardisées au fil des ans. Pour remédier à ce problème d’uniformité, je pense que chaque école devrait créer une ligne directrice forte qui ne soit pas motivée par une vision conceptuelle universitaire, ou des connaissances transversales, ou encore par des expérimentations de divers types de développement d’un jeu vidéo.

Mais comment y parvenir ?

En expliquant aux futurs étudiants que les métiers du jeu vidéo ont deux contraintes fortes : celle des métiers technologiques, dans la mesure où il ne faut pas avoir peur de suivre l’évolution technologique, et celle des métiers artistiques, à savoir qu’il y a peu d’élus. Il convient également de leur expliquer qu’il y a un monde entre ce qu’ils imaginent et la réalité, et que s’ils ne sont pas prêts à affronter cette réalité, il est inutile de suivre ce type de formation. »

L’intégralité de la lettre sur le site AFJV

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Ronan Le Breton

Ronan Le Breton Story Designer Story Teller Narrative Designer Auteur de mauvais genres

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