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L’auteur 2.0 : mon écriture versus le numérique

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L’auteur 2.0

Avant tout je rappelle que cet article est un témoignage, pas une étude qui se veut exhaustive sur les transformations du travail et du statut de l’auteur à l’ère du numérique. Je veux simplement rendre compte de l’évolution de mon travail, de mes pratiques, de mes champs d’activité.
Combien mon métier d’auteur a évolué. Avec la technologie et les lecteurs.

L’auteur et la technologie

Ma première publication professionnelle (à compte d’éditeur, chez Hachette), date de 1998. Autant vous dire qu’on était encore à la préhistoire de l’internet. L’interaction avec le numérique dans mon travail d’écriture était encore limité, je travaillais directement sur la maquette numérique (il s’agissait d’un livre avec des gabarits de page très précis). Pour le reste, je faisais tout encore à la main : plans, brouillons, notes, séquencier…

Puis tout le monde s’est équipé en internet, version très bas débit : le modem 56k. J’ai pu alors à commencer à interagir par le web avec mes collaborateurs : leur envoyer mes textes, mes scénarios, mes documents iconographiques (à l’époque, des images scannées que l’on trouvait dans des livres en farfouillant dans les librairies et bibliothèques). Ça a grandement facilité mon travail de scénariste BD : je pouvais collaborer avec des dessinateurs résidant dans toute la France.

Les débits ont décollé très vite avec l’ADSL. J’ai pu alors réaliser mes recherches documentaires (tant textuelles qu’iconographiques) sur le web. On y trouvait désormais de tout : texte, image, son, vidéo… Tout le monde s’est mis à créer son compte Skype, ce qui permettait de discuter à très longue distance : Belgique, Suisse, Europe Centrale, Amérique du Sud…

L’auteur et son e-public

Dans les années 2000, les auteurs BD fréquentaient des forums spécialisés comme Catsuka ou CaféSalé. Puis est arrivé Facebook et la plupart ont migré sur cette plateforme. Elle est toujours l’agora des auteurs de BD et d’illustration.

Mais surtout, les auteurs se sont mis à interagir avec leur public. Notamment sur d’autres forums spécialisés comme celui de BD Gest’. Mais ce fut principalement par le biais des blogs. C’est ainsi que des stars d’aujourd’hui comme Boulet ou Pénélope Bagieu ont lancé leur carrière. L’engouement était tel que fut lancé un festival des blog BD (aujourd’hui We Do BD). Cependant, vers la fin des années 2000, ce phénomène s’est un peu essoufflé. En témoigne ma décision de quitter over-blog pour WordPress. Le Blog, simple journal de bord promotionnel d’auteur ne me convenait plus. Décision que je ne regrette pas. Je ne cherchais plus à m’adresser uniquement à mes/des fans de BD, mais à des personnes passionnés comme moi par l’écriture, la narration, sous toutes ses formes.

C’est pour quoi, je me suis emballé pour Twitter, que je trouve plus riche en contenus pour faire ma veille digitale. Cela correspond également aux évolutions de l’algorithme de Facebook, qui filtre tellement de contenus que vous ne trouvez plus rien d’intéressant.

En tous les cas, mon temps passé sur les réseaux sociaux n’a pas diminué. Au contraire, il n’a fait qu’augmenter : plus de plateformes (Twitter, LinkedIn, Instagram, Wattpad, Facebook), plus de contenus, plus de secteurs (BD, littérature, jeu, VR, web).

D’autres, comme Samantha Bailly ont également franchi le cap de la diffusion Youtube. Ce n’est pas mon cas encore. Je n’en vois pas encore l’intérêt.

L’auteur et les numériques

C’est enfin, même si ce n’est pas explicite dans le titre, le désir pour un auteur curieux, expérimentateur comme moi, de vouloir s’exprimer dans différents médias, répondre à différents challenges, remettre en question ses pratiques, sortir de sa zone de confort.

Dans les années 2010, je me suis éparpillé dans d’autres secteurs : la formation, le jeu vidéo, le jeu de société, le serious game, l’écriture web, l’écriture VR… Si certains ne sont pas réellement nouveaux, d’autres sont émergents ou en plein boom. Cela a été l’occasion pour moi d’apprivoiser de nouvelles contraintes, de découvrir de nouveaux publics, de nouveaux usages.

J’ai notamment intégré dans ma démarche d’écriture le principe d’expérience utilisateur. Désormais, en fonction du projet et du public qui pourrait y être sensible, je choisisle support qui me paraît le plus adéquat. Par exemple, pour mon projet d’écriture Littérature Pulp Remix, Wattpad est la plateforme la plus adaptée à cette envie de roman-feuilleton numérique.

De nombreux camarades auteurs se sont également lancé dans des appels à participation : Ulule, Tipee, et/ou dans l’auto édition.  C’est la deuxième voie que j’ai choisie en éditant mon manuel de jeu vidéo en publication à la demande.

Aujourd’hui, je ne suis plus un simple mercenaire de l’écriture, qui part en quête de contrats, je suis une petite entreprise éditoriale ou une petite agence éditoriale qui propose ses services à différents partenaires : lecteurs, éditeurs, établissements, médiathèques, collectivités, sociétés de productions,…

En effet, j’ai l’impression d’être quatre personnes à la fois :

  • Un auteur créateur (ce que j’ai toujours été)
  • Un auteur social (ce que je suis de plus en plus)
  • Un auteur pédagogue (ce que je fais désormais régulièrement)
  • Un auteur entrepreneur (avec Amazon pour l’instant)

Voilà là où les numériques m’ont conduit de 1998 à 2018, un parcours de 20 ans. Ce n’est pas facile tous les jours en termes d’organisation, mais c’est diablement passionnant…

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Ronan Le Breton

Ronan Le Breton Story Designer Story Teller Narrative Designer Auteur de mauvais genres

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