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Narration : les 5 ingrédients d’une bonne histoire

Qu’est-ce qu’une bonne histoire ?

Inventer et raconter une bonne histoire n’est pas qu’un don que les fées accordent à certains humains. C’est avant tout respecter les bonnes pratiques, les conventions qui donneront une forme identifiable, familière et accueillante à l’écoute.

Quand on raconte une histoire, on ne cherche pas à imiter la vie, c’est plus subtil, on cherche à s’inspirer de la vie, à la reproduire, dans un cadre imaginaire, mais qui doit sembler réel, vraisemblable.

Quand on raconte une histoire, on parle de nous, humains : nos sentiments, nos actions passées, présentes et à venir, nos malheurs, nos bonheurs, etc.

Quand on raconte une histoire, nos paroles, nos mots, notre propos doivent toucher le coeur du public (l’engager, dirait-on) et l’inciter à suivre le récit jusqu’au bout (retenir son attention).

Pour cela, il faut suivre, les 5 règles de l’art d’écrire, qui sont les suivantes :

  1. Un personnage
  2. Un univers
  3. Un événement perturbateur
  4. Des péripéties
  5. Une résolution

D’autant plus que ces 5 éléments peuvent également servir de point de départ d’une écriture. C’est ce que je vous propose d’étudier ensemble.

Un bon personnage

Pour commencer, il faut que notre histoire vive, soit humaine. Il nous faut un personnage. Parfois plusieurs, mais au moins un : le protagoniste.

Un bon personnage, c’est-à-dire quelqu’un non pas de juste et bienveillant, mais quelqu’un qui nous ressemble : un homme, une femme, un enfant ou une créature qui a des sentiments (joie, tristesse, amour, colère, nostalgie,…)

Ce personnage va servir de véhicule ou de porte d’entrée, par lequel le public va s’impliquer dans l’histoire. Le public va s’identifier au personnage et en suivant son histoire, va suivre l’histoire. Car, le personnage, par sa volonté et ses actions, va mettre l’histoire en marche. Il va faire la narration.

Les personnages de justiciers solitaires, taiseux,  et tête dures joués par Clint Eastwood en sont un très bon exemple. Que ce soit la série policière des Dirty Harry ou des westerns comme Pale Rider, la narration est avant tout portée par cette symbiose entre C. Eastwood et le personnage qu’il incarne.

Un bon univers

Maintenant que nous avons un personnage, il faut lui donner un décor dans lequel il va pouvoir agir.

Le personnage de notre histoire va évoluer dans un environnement qui doit, là encore, nous être compréhensible, familier. Il nous faut donc préciser dans quel cadre se situe l’action. La forêt ? Notre monde contemporain ? Un moment du passé ? Un monde lointain et imaginaire ?

Le décor va permettre non seulement d’expliquer quand et où l’histoire se déroule, mais également ce qu’il se passe. Quelles sont les règles spécifiques qui définissent ce monde dans lequel le personnage agit ?  L’univers ne doit pas être bon pour notre personnage, mais bon dans le sens de cohérent, logique, intéressant. Le public doit être convaincu de sa réalité potentielle.

J.R.R. Tolkien est l’exemple même de l’auteur, créateur d’univers. Le Seigneur des anneaux est d’abord une monde rempli d’histoires avant d’être l’histoire de Bilbo ou de Frodon.

Un événement perturbateur

Même si nous avons notre personnage et son univers, notre personnage n’a toujours pas de raison d’agir. Il lui faut un objectif, un incident dans sa vie, qui le pousse à l’action.

Désormais, il faut lancer le personnage dans l’aventure. Il nous faut le sortir de sa zone de confort pour le pousser à l’action. Cet événement inattendu et perturbateur, va obliger le personnage à agir ou réagir, à se mettre enfin en marche.

Après l’événement perturbateur, le personnage se dote d’un objectif clair (sauver sa famille ou la planète, retrouver son chemin, se venger), qui le motive à avancer et agir. Nous savons désormais pourquoi le personnage fait ceci ou cela.

S. King adore imaginer des récits à partir de situations impossibles ou incroyables. Il éprouve un malin plaisir à concevoir un roman en partant de la fameuse question : « What if…? » (Et si…?), qui oblige le personnage principal à s’adapter à son nouveau monde, sa nouvelle situation.

De l’action, des péripéties

Maintenant que l’histoire a vraiment commencé, il nous faut la dérouler. Pour cela, il faut raconter par le parcours du personnage tout au long de l’aventure. Ce dernier ne doit pas atteindre trop rapidement la fin du récit. Il nous faut donc des obstacles, des rebondissements, des péripéties.

Nous voilà au coeur de l’histoire, qui détaille comment le personnage essaye de réaliser son objectif, quels moyens il met en oeuvre. Quels défis, dangers, adversaires, il trouve sur sa route.

Maintenant que l’attention du public est acquise, il faut la conserver jusqu’au bout. On va donc semer sur la route du personnage des embûches, des rencontres, des coup de théâtre, qui vont relancer l’attention du public.

A. Hitchcock, qui adorait jouer avec les attentes du public dans ses films à suspense (espionnage, policier, thriller), accordait une attention extrême, voire obsessionnelle,au rythme, à la surprise, aux pics d’angoisse.

Une bonne résolution

Il va nous falloir conclure l’histoire. Ce qui veut dire dénouer les fils qui ont été noués. Répondre aux questions qui restent en suspens. Notamment : le personnage atteint-il son but ?

La réponse peut être positive ou non. L’épilogue permet au public de mesurer quelles sont les conséquences du succès ou de l’échec du personnage : sur lui, sur ses proches, son monde. Quel est le message, la leçon de cette histoire.

Une bonne résolution n’est pas obligatoirement un happy ending, mais une fin satisfaisante qui permet de terminer la narration sur une note juste, qu’elle soit gaie, triste, voire déprimante. L’important, là encore, est la cohérence (la nécessité interne). L’histoire justifie le choix de cette fin à défaut de toute autre.

J. de La Fontaine concevait chacune de ses fables en fonction de la chute, la morale. Ses fables n’avaient clairement pas pour but d’uniquement divertir, mais d’éduquer. Faire prendre conscience de la subtilité des caractéristiques humaines : la vanité, la fourberie, l’imposture, mais également le courage, la prudence…

J’espère que cet article vous aidera à mieux comprendre comment un auteur écrit une histoire, et comment vous, vous pouvez également en écrire une.

Pour continuer, je vous propose de discuter et définir la différence qu’il y a entre histoire, récit (intrigue) et narration.

Ou de comprendre l’importance de l’intention, du thème, du message de votre scénario ou votre récit.

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Ronan Le Breton

Ronan Le Breton Story Designer Story Teller Narrative Designer Auteur de mauvais genres

2 commentaires

  1. Auriez-vous s’il vous plaît quelques conseils pour faire naître et développer les péripéties ? Je me perds souvent dans la création d’un univers que j’aime et que je trouve intéressant mais dans lequel il ne se passe finalement pas grand chose. J’ai beaucoup de mal à tirer une histoire exploitable de ces « natures mortes », aussi jolies soient-elles. Merci !

    • Une fois la situation, les personnages ou le décor posé(s), pose-toi des questions. Qu’est-ce qui peut arriver de pire ou d’imprévisible à ce moment là? Que veut tel personnage? Et tel autre? Que peut-il se passer s’ils se rencontrent? A quoi ce décor peut-il servir? Que puis-je ajouter dans ce décor, qui va créer de l’action? Manque-t-il un personnage? Est-ce le bon décor? Quel événement (dramatique) puis-je ajouter, qui va affecter le décor ou les décors, pour que créer de la tension, de l’action?…
      Sinon, je te renvoie au mémo sous forme de recommandations qu’a diffusé Emma Coats de Pixar : http://ronanlebreton.com/22-lecons-de-narration-dapres-pixar/

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